Le syndrome de Prader-Willi

Décrit en 1956 par trois médecins suisses, Andrea Prader, Alexis Labhart et Heinrich Willi, le syndrome de Prader-Willi concerne environ une naissance sur 15 à 30 000 (Orphanet).

C’est un trouble complexe du neurodéveloppement, d’origine génétique, qui résulte d’un défaut d’expression de certains gènes soumis à empreinte maternelle dans la région 15q11-q13 du chromosome 15, transmis par le père (Nicholls, 1989 ; Nicholls, 2001). 

Le défaut d’expression de ces gènes entraîne des anomalies du développement et de la fonction de l’hypothalamus (Goldstone, 2008 ; Tauber, 2021).  

L’hypothalamus est une structure essentielle du système nerveux central située à la base du cerveau, principalement impliquée dans la régulation de grandes fonctions comme la faim, la soif, le sommeil ou la température corporelle. L’hypothalamus est aussi impliqué dans l’attachement, le comportement sexuel et les émotions, et contrôle de nombreuses fonctions hormonales en agissant sur la glande hypophysaire, qui sécrète plusieurs hormones dont l’hormone de croissance, certaines hormones sexuelles ainsi que les hormones thyroïdiennes.

En plus de traits morphologiques caractéristiques, le syndrome de Prader-Willi est caractérisé par une trajectoire neurodéveloppementale particulière et complexe tout au long de la vie, avec une évolution nutritionnelle, endocrinienne/métabolique et comportementale (Hoybye, 2022 ; Tauber, 2021, Cassidy, 2012 ; Miller, 2011).

Le tableau clinique est donc variable au cours de la vie, mais également d’un individu à un autre, associant, à des degrés différents : 

– Des phases nutritionnelles, décrites par Miller et al. (Miller, 2011) qui vont de l’anorexie avec hypotonie et troubles précoces de l’oralité à la naissance, à une prise de poids excessive, puis à une hyperphagie avec manque de satiété et risque élevé d’obésité à l’âge adulte.

– Des troubles de la déglutition (dysphagie) qui peuvent persister à tous les âges, avec un risque accru de complications graves, voire mortelles. 

– Divers déficits hormonaux : en hormone de croissance (entraînant une petite taille), hypogonadisme, hypothyroïdie et, plus rarement, insuffisance surrénalienne centrale.

– Une déficience intellectuelle : déficit cognitif léger à modéré, retard du développement moteur et du langage, troubles des apprentissages

– Des troubles du comportement, avec un déficit des habilités sociales, une dysrégulation émotionnelle, anxiété, symptômes compulsifs, ainsi que d’éventuels troubles psychiatriques. 

– En parallèle, diverses comorbidités surviennent tout au long de la vie telles que : diabète et autres troubles métaboliques, troubles cardiovasculaires, troubles gastro-intestinaux, des apnées centrales et obstructives, pathologies orthopédiques majeures (dysplasie de la hanche, cyphose et scoliose), pathologies ophtalmologiques (Hoybye, 2022 ; Tauber, 2021 ; Cassidy, 2012 ; Goldstone, 2008 ; Miller, 2011 ; Dykens, 2003).

 

Cette combinaison complexe de troubles somatiques et comportementaux/psychiatriques peut entraîner des complications graves et des difficultés de prise en charge, impactant de manière significative les patients porteurs d’un syndrome de Prader-Willi, leurs familles et les soignants (Kayadjanian, 2018 ; Meade, 2021). La prise en charge du syndrome de Prader-Willi nécessite une approche somatique et psychologique multidisciplinaire intégrative et collaborative tout au long de la vie (Duis, 2018 ; Goldstone, 2008 ; Protocole National De Soins  du Syndrome de Prader Willi, 2021 (France); Cassidy, 2012 ; Dykens, 2003 ; Goldstone, 2004 ; Miller, 2012).

A l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement de la maladie.

Seule l’hormone de croissance est autorisée dans l’indication du syndrome de Prader-Willi, dans le but d’améliorer la croissance et la composition corporelle.

Elle est généralement administrée dès la première année de vie.